Festin séculaire - Vii

Ma mère allongée le teint jaune et cireux

Les poumons rongés par ce mal cancéreux

Écoutant le pasteur la douleur s’atténue

Les boniments tordus de ce prédicateur

Elle a posé les mains sur son téléviseur

Pour instantanément recracher sa tumeur

Miraculeusement, l’insalubre animal

Se déplace vers ma chambre et sous mes draps s’installe

Pendant mon sommeil ce parasite infâme

S’introduit dans mon corps pour posséder mon âme

Cette bête avide s’empare de mon esprit

Grotesque saloperie aux appétits morbides

Ce besoin de blessures et d’agonies malsaines

Tous ces ordres obscènes que ce monstre murmure

Cette abjecte bestiole, toutes ces pulsions cruelles

Absorber ta cervelle encore spongieuse et molle

Évocations macabres, des faims désossés

Fantasme de cadavres à moitié dépecés

Phénomène absurde, tu devras mourir

Pour cette créature que ton sang doit nourrir

L’abomination: c’est une personne? Un esprit? Une voix dans votre esprit?

De sa mâchoire émane une odeur de carnage

Ne recrache que ton crâne et quelques cartilages

Succession d’images, obsession malsaine

Comme infecté par des bactéries pathogènes

J’ai tenté d’apaiser sa boulimie de haine

Besoin d’une victime: tu seras la prochaine

Massacre décadent, amputation des membres

Ouvert de l’entre-jambe jusqu'à la pomme d’Adam

Je sais qu’elle m’attend, que je suis son complice

Que le poids de ses dents c’est tes os qui se brisent

Je dois l’alimenter mais elle prend de l’ampleur

S’accapare ma demeure ainsi que mes pensées

Tous ces actes insensés pour cette entité vile

Ma santé mentale ne tient plus qu'à un fil

Dans un dernier râle te voir te consumer

Ta chaire et tes organes voracement consommés

Son atroce mandibule te mastique le fémur

Comme un somnambule en chasse de nourriture

Des intestins humains pour cette aberration

Le festin séculaire d’une abomination

L’abomination qui entraîne misère et désolation